En France 45% des actifs déclarent devoir se dépêcher trop souvent, ce qui fait des facteurs de risques psychosociaux une des principales causes de congés maladie. Le stress prolongé est une cause importante de troubles psychologiques comme le burnout et la dépression. Particulièrement en environnement de travail, le stress se traduit souvent par de la frustration et de la précipitation, ce qui nuit à la sécurité. Cependant, chaque individu peut contrecarrer ce mécanisme en apprenant à influencer son propre subconscient.
Le stress au travail a plusieurs visages
Le stress est un phénomène très répandu dans le monde du travail : environ 50 % des salariés en Europe estiment que le stress au travail serait « normal ». De nombreux jours de congé sont également pris en lien au stress. Si l’état de stress persiste de façon permanente, il peut conduire à la maladie, par exemple :
- Troubles psychologiques
- Maladies cardiovasculaires
- Troubles musculo-squelettiques.
Mais même si le stress n’est qu’occasionnel et ponctuel, il peut avoir un effet dévastateur : dans les situations de stress, le risque pour la sécurité augmente considérablement. Si, par exemple, nous sommes stressés par le manque de temps, cela nous conduit rapidement à nous précipiter de manière frénétique : cet état nous rend beaucoup plus enclins à commettre des erreurs dangereuses. Cependant, nous ne reconnaissons souvent pas que la précipitation ou la frustration a été la cause réelle de nos erreurs alors que nous étions sous pression. Au lieu de cela, nous avons tendance à blâmer le patron, qui a établi des calendriers trop serrés, ou bien les collègues qui n’ont pas terminé le travail préliminaire à temps, ou encore les fournisseurs en retard. Le stress est susceptible de provoquer précipitation et frustration, mais il peut aussi conduire à la fatigue et à l’excès de confiance.
Le stress entraîne la précipitation
Quand le temps presse, on a tendance à se précipiter. Nous développons une sorte de vision tubulaire qui nous permet tout faire le plus rapidement possible. Ce phénomène un vestige de l’évolution : sous l’effet du stress, notre corps libère de l’adrénaline et nous rend prêts à combattre ou prendre la fuite. Nous nous concentrons entièrement sur le « danger » – seulement que celui-ci ne prend de nos jours plus la forme d’un tigre à dents de sabre, mais, par exemple, d’une échéance imminente. Mais l’effet reste le même : nous ignorons tout le reste pour nous protéger. Parce que si nous sommes face à un tigre, nous ne devons surtout pas nous laisser distraire par quoi que ce soit d’autre ! Par conséquent, lorsque que nous sommes sous pression face à une échéance serrée, causant du stress, tout le reste passe à l’arrière-plan de notre conscience.
Le stress nous rends plus enclins à la frustration
En situation de stress, nous devenons plus irritables – et plus vite frustrés. Qu’il s’agisse d’un commentaire anodin d’un collègue, d’une machine qui refuse de fonctionner ou d’un superviseur qui critique notre travail : sous l’effet du stress nous sommes souvent à fleur de peau, prenons à cœur les remarques anodines, et c’est là que nous n’avons plus l’esprit à la tâche.
Comment le stress nous fatigue
Le stress – au travail et en général – fait des ravages. Surtout quand nous sommes soumis à un stress permanent, nous nous sentons épuisés. Notre corps ne décompose plus les hormones du stress (épinéphrine, noradrénaline et cortisol), qui peuvent entraîner de nombreux symptômes de maladie (voir ci-dessus). Tout d’abord, il cède à l’épuisement et à la fatigue, qui peuvent conduire à la dépression dans le pire des cas. Mais même dans un simple état de fatigue « modérée », notre attention diminue au travail. Cela rend la concentration beaucoup plus difficile.
Lorsque nous sommes stressés, nous sommes plus enclins à nous reposer sur nos lauriers
Lorsque le temps presse, nous aimerions beaucoup pouvoir nous dédoubler – pour pouvoir faire tout le nécessaire deux fois plus vite. Bien sûr, cela nous est impossible. Au lieu de cela, nous essayons de prendre sur nous autant que possible et tombons dans le piège du multitâche. Mais cela peut avoir des conséquences dramatiques car, malheureusement, nous ne pouvons habituellement concentrer notre attention que sur une seule chose à la fois. Ainsi, en faisant plusieurs choses en même temps et de manière moins attentive, nous risquons vite de perdre le fil et de commettre une erreur et risquons, dans le pire des cas, de nous blesser.
Pour mieux gérer le stress au travail
Le stress est omniprésent : il est aujourd’hui considéré comme une pathologie très répandue et semble toucher pratiquement tout le monde. Si l’on regarde les chiffres dans le contexte de la sécurité au travail, cela devient une évidence : le stress est la menace numéro un pour la santé au travail. Il est d’autant plus important de se protéger du stress et de ses effets – à tout moment et indépendamment des facteurs externes.
La réduction du stress offre donc un énorme potentiel d’amélioration de la sécurité au travail. Alors que les approches traditionnelles de la sécurité au travail protègent avant tout le travailleur des dangers immédiats dans l’environnement de travail, la formation comportementale axée sur la sécurité va plus loin en formant chaque employé à acquérir des modèles de comportement sûrs. Toutefois, cela ne permet pas d’éviter les erreurs en tant que telles. Cela signifie que les accidents ne peuvent pas être systématiquement évités.
Améliorer la sécurité au travail en influençant votre subconscient
Cependant, personne n’est à l’abri du stress et de ses liens avec la précipitation, la frustration, la fatigue et l’excès de confiance. La sécurité personnelle dépend donc de notre propre présence consciente en temps réel, même en cas de précipitation ou de frustration stressante. Parce que lorsque nous sommes attentifs et concentrés sur la tâche et que nous identifions ces états dangereux en temps réel, nous sommes capables de réagir de manière réflexive. Il vaut donc la peine d’entraîner et de contrôler spécifiquement le subconscient. Cela permet de renforcer et d’internaliser les comportements sûrs – et vient compléter la gestion de la sécurité de l’entreprise.
Repérer le stress dès que possible pour prévenir les accidents
Il est essentiel d’identifier le plus tôt possible les situations de stress et les conditions qu’elles provoquent – c’est-à-dire la précipitation, la frustration, la fatigue et l’excès de confiance – et de réagir en conséquence. Le concept de l’auto-déclenchement est ici d’une aide précieuse. Surtout lorsque les éléments déclencheurs de stress se produisent de manière prévisible, par exemple lorsque
- le changement d’équipe approche et la tâche doit être terminée avant le roulement,
- le temps presse en raison des échéances,
- des retards se produisent dans les processus,
- on peut supposer qu’une conversation désagréable avec des collègues ou un supérieur nous attend bientôt.
Plus nous sommes capables de reconnaître notre condition propre comme point de départ d’une situation potentiellement dangereuse et de réagir correctement, mieux nous y parviendrons. C’est parce que la répétition est clé pour influencer et entraîner notre subconscient. Les habitudes liées à la sécurité s’installent de la même façon.
Le stress provoque la précipitation, la frustration, la fatigue et l’excès de confiance – il est nécessaire de gérer ces conséquences avec un esprit ouvert. Vous et vos collègues pouvez, de manière collaborative, développer une stratégie pour éviter spécifiquement le stress et ses effets négatifs sur la sécurité au travail en utilisant les conditions respectives comme déclencheurs pour augmenter votre attention et rester concentrés. Il est également important d’identifier les causes spécifiques du stress lors de discussions régulières. Ceci permet à chaque individu de réduire considérablement le risque d’erreurs et de blessures en temps réel.
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